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Lionnes U17 : révolte au Maroc, elles réclament Joseph Ndoko

Le football camerounais traverse une crise sans précédent. Depuis le Maroc, où elles sont censées préparer sereinement leur Coupe du Monde U17, les Lionnes Indomptables ont publié une vidéo bouleversante réclamant le retour de leur entraîneur Joseph Ndoko et de son staff technique. Un acte de rébellion qui désavoue ouvertement la FECAFOOT et met en lumière les profondes divisions au sein de la délégation camerounaise à quelques jours du premier match contre les Pays-Bas.

Dans cette vidéo qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, les jeunes footballeuses camerounaises expriment leur détresse avec une franchise désarmante :

« Actuellement nous sommes en période de faiblesse et nous avons besoin du retour de nos encadreurs… c’est avec le cœur meurtri que nous faisons cette vidéo, quand nous avons appris la nouvelle avant notre voyage, tout le monde était brisé, cassé… trop de frustrations, trop de pressions, nous n’arrivons même plus à nous exprimer. »

Ces mots, prononcés par des adolescentes qui devraient être concentrées sur le plus grand rendez-vous sportif de leur jeune carrière, illustrent l’ampleur du malaise. La suspension de Joseph Ndoko, annoncée il y’a quelques jours quelques heures seulement avant le départ pour le Maroc, a manifestement créé un traumatisme profond au sein du groupe.

Le ton de la vidéo monte en intensité lorsque les joueuses lancent un appel direct à la fédération camerounaise :

« Nous vous implorons de nous remettre notre staff, nos parents, qui ont été là avec nous pendant plus d’un an… nous vous implorons d’avoir pitié pour nous et pour les couleurs du Cameroun que nous défendons… ENSEMBLE NOUS VOULONS LE RETOUR DE NOTRE STAFF TECHNIQUE. »

L’utilisation du terme « nos parents » pour qualifier Joseph Ndoko et son staff technique révèle la profondeur du lien émotionnel tissé entre l’entraîneur et ses joueuses durant plus d’une année de préparation. Cette relation, qui va au-delà du simple cadre sportif, explique l’intensité de la réaction des Lionnes face à la décision fédérale.

Cette prise de parole constitue un désaveu cinglant de la décision prise par la Fédération Camerounaise de Football. En suspendant Joseph Brian Touongo Ndoko pour « accusations graves d’atteinte aux mœurs » selon le communiqué officiel du 1er octobre 2025, la FECAFOOT pensait sans doute protéger l’intégrité de la compétition et des joueuses.

Mais la réaction des principales intéressées démontre que cette décision, n’a pas pris en compte la dimension humaine et psychologique d’un tel bouleversement à quelques heures d’une échéance majeure.

Les joueuses remettent ainsi directement en question le bien-fondé et surtout le timing de cette suspension, suggérant que les accusations si elles en existaient réellement auraient pu être traitées différemment ou à un autre moment pour préserver leur préparation.

Dans cette tourmente, Mike Ndoumou, entraîneure adjointe de la sélection féminine A nommée en urgence pour remplacer Joseph Ndoko, se retrouve dans une position extrêmement inconfortable. Malgré son expérience et ses compétences reconnues, elle doit composer avec un groupe qui rejette ouvertement sa nomination et réclame le retour de son prédécesseur.

Comment construire une dynamique positive et préparer efficacement une équipe quand celle-ci exprime publiquement son désaccord avec votre arrivée ? Mike Ndoumou, qui n’est en rien responsable de cette situation, hérite d’une mission devenue quasi impossible.

À moins d’une semaine du match inaugural contre les Pays-Bas le 18 octobre 2025, les Lionnes U17 affichent un moral au plus bas. Les mots utilisés dans la vidéo sont éloquents : « brisé », « cassé », « frustrations », « pressions », « cœur meurtri ». Autant de termes qui décrivent une détresse psychologique incompatible avec la performance sportive de haut niveau.

Le calendrier camerounais ne pardonne pas :

  • 18 Octobre : Cameroun vs Pays-Bas
  • 21 Octobre : Corée du Nord vs Cameroun
  • 24 Octobre : Mexique vs Cameroun

Comment ces jeunes footballeuses peuvent-elles espérer rivaliser avec les meilleures nations du monde dans un tel état émotionnel ? La préparation mentale, aussi importante que la préparation physique et tactique dans le sport de haut niveau, a été complètement sabordée par cette crise.

Cette affaire soulève de nombreuses interrogations sur la gouvernance du football camerounais :

Pourquoi avoir attendu la veille du départ pour suspendre Joseph Ndoko si les accusations étaient connues ? N’était-il pas possible d’anticiper cette décision pour permettre une transition plus douce ?

Comment la FECAFOOT a-t-elle préparé psychologiquement les joueuses à ce changement brutal ? Un accompagnement psychologique a-t-il été mis en place.

Les joueuses ont-elles été consultées ou au moins informées de manière appropriée avant l’annonce publique ?

Quelle est la nature exacte de ces « atteintes aux mœurs » ? Une enquête indépendante est-elle en cours ? Les joueuses sont-elles impliquées ou témoins ?

La FECAFOOT se trouve désormais face à un dilemme cornélien. Deux options s’offrent à elle, chacune comportant des risques considérables :

Option 1 : Maintenir sa décision
Rester ferme sur la suspension de Joseph Ndoko pour des raisons éthiques et disciplinaires, au risque de voir les performances sportives s’effondrer et de créer une fracture durable avec les joueuses.

Option 2 : Réintégrer Joseph Ndoko
Céder à la pression des joueuses et réintégrer temporairement ses adjoints pour sauver la compétition, mais au prix d’un désaveu institutionnel majeur et d’un précédent dangereux pour la discipline fédérale.

Dans les deux cas, la fédération camerounaise sort affaiblie de cette crise. Son autorité est contestée, sa gestion de la situation critiquée, et l’image du football féminin camerounais écornée sur la scène internationale.

Au-delà des aspects disciplinaires et institutionnels, cette vidéo pose la question fondamentale du droit des athlètes à s’exprimer sur leur environnement sportif. Ces jeunes femmes ont-elles raison de prendre publiquement la parole ? Leur démarche est-elle légitime ou constitue-t-elle une insubordination inacceptable ?

Dans le sport moderne, les athlètes ne sont plus de simples exécutants. Elles ont des droits, des opinions, et la capacité de les exprimer. Cette vidéo, aussi problématique soit-elle pour la hiérarchie fédérale, témoigne d’une évolution générationnelle : les footballeuses camerounaises refusent d’être des variables d’ajustement dans les décisions qui les concernent directement.

Toutefois, cette révolte ouverte crée un précédent préoccupant. Si les joueuses obtiennent gain de cause, quelle sera la prochaine décision fédérale qui pourra être contestée publiquement ? Comment maintenir la discipline et l’autorité institutionnelle si chaque décision impopulaire peut être remise en question par une vidéo virale ?

Le football, comme tout sport collectif, repose sur une hiérarchie et des règles. La FECAFOOT, quelle que soit la qualité de sa gouvernance, doit pouvoir prendre des décisions difficiles sans craindre une rébellion systématique.

Sur la scène internationale, cette affaire projette une image désastreuse du football camerounais. À quelques jours d’une Coupe du Monde, alors que les regards du monde entier sont tournés vers le Maroc, le Cameroun offre le spectacle d’une fédération en crise et d’une équipe en pleine déliquescence psychologique.

Les adversaires des Lionnes U17 – Pays-Bas, Corée du Nord et Mexique – observent certainement avec attention cette situation qui fragilise considérablement le Cameroun avant même le coup d’envoi de la compétition.

Face à l’impasse, une solution intermédiaire pourrait émerger : une médiation impliquant les joueuses, la FECAFOOT, Mike Ndoumou et potentiellement des représentants institutionnels camerounais. L’objectif serait de trouver un compromis permettant de restaurer un climat de confiance minimal pour aborder la compétition dans des conditions acceptables.

Le temps presse. Dans moins d’une semaine, les Lionnes devront entrer sur le terrain. Leur performance sportive dépendra directement de la capacité des adultes à résoudre rapidement cette crise institutionnelle et humaine.

L’affaire qui secoue les Lionnes U17 dépasse largement le cadre sportif. Elle interroge la gouvernance du football camerounais, les droits des athlètes, la gestion des crises institutionnelles, et la protection de l’intégrité morale dans le sport.

Quelle que soit l’issue de cette crise, elle laissera des traces profondes. Pour les joueuses, traumatisées par ce bouleversement à un moment crucial de leur carrière. Pour Mike Ndoumou, placée dans une situation impossible. Pour Joseph Ndoko, dont la réputation est entachée par les accusations. Et pour la FECAFOOT, dont l’autorité et la crédibilité sont sérieusement remises en question.

Le Cameroun tout entier retient son souffle. Les prochaines heures seront décisives pour l’avenir de cette génération de Lionnes et pour l’image du football camerounais sur la scène mondiale.

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