Le CHAN est à mi-parcours, il se déroule dans un contexte sanitaire particulier. Vous faites partie des personnes qui ont travaillé avec la CAF pour mettre en place un dispositif sanitaire à respecter. Quelle est la première appréciation que vous faites de l’application de ces mesures-là à mi-parcours ?
Je vous remercie de l’opportunité que vous me donnez de présenter le travail qui a été fait par les équipes de la santé. Il faut préciser que l’équipe nommée par le Ministre des Sports au COCHAN travaille en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé, à travers un organisme qu’on appelle SGI, je n’ai pas toutes les explications du Ministère de la Santé pour dire ce que c’est mais c’est l’organe de régulation au plan national, qui siège à Yaoundé et qui a un démembrement sur chaque site. Voilà l’organisation. Sur chaque site, il y a donc une organisation qui repose sur les canons énoncés par la CAF. Il y a un cahier des charges et on l’a respecté en matière de nombre de personnels, en matière de qualité de personnel, en matière de qualification du personnel et en matière de matériel. Et je ne veux pas être trop modeste : nous avons bien travaillé. Parce que je peux vous assurer que lorsqu’on commençait, tout le monde était dans l’inquiétude… Déjà, organiser un CHAN, ce n’est pas facile. Imaginez-vous donc que vous y mettez maintenant la Covid-19. La Covid-19 c’est quelque chose de totalement nouveau et qui perturbe toute l’organisation. Mais nous avons réussi à relever le défi. Vous les journalistes, vous êtes témoins parce que vous êtes tout le temps testés autant que nous. Une fois par semaine ou deux fois minimum, nous sommes testés et nous nous promenons chacun avec son test négatif dans la poche parce qu’à tout moment, un officiel de la CAF peut vous demander de présenter votre test… Ce n’est pas facile. Nous avons deux laboratoires à Douala, à l’Hôpital Laquintinie principalement et quand l’hôpital Laquintinie tousse, nous nous enrhumons tous. Donc, il faut féliciter l’équipe de l’hôpital Laquintinie, il faut féliciter l’équipe de l’Hôpital Général de Douala qui a suppléer l’hôpital Laquintinie et on a un laboratoire aussi que le Délégué de la santé avait mis à la disposition au niveau du laboratoire de la tuberculose qui fait les mêmes tests. Grosso modo, nous sommes en train de montrer, et ça c’est sans vantardise que quand le camerounais veut, il peut. C’est la première compétition et les gens ne réalisent pas que c’est la première compétition au monde, tous sports confondus qui se déroulent en pleine période de Covid et ça les gens ne le réalisent pas trop ou bien, nous sommes tellement habitués à nous insulter, nous les camerounais entre nous que nous ne voyons même plus ce que nous représentons à l’extérieur. Sans être de la CAF, je suis informé qu’il y a énormément de compétitions dans les autres pays qui veulent venir les organiser au Cameroun. Donc, nous risquons d’avoir des choix. C’est un développement économique aussi qui s’annonce. Du point de vue des populations, des spectateurs, nous avons la chance d’expérimenter 25% de la capacité du stade en présentiel pour les spectateurs avec la condition que si nous nous comportons bien, pour la deuxième phase du championnat, on peut nous accorder 50%. Déjà quand on est à 25%, le nombre de personnes qu’il y a dehors, qui veulent entrer montre que les camerounais, si on les laissait faire, même le stade de Japoma ne suffirait pas. C’est pour simplement dire que respecter les mesures barrières, c’est tout à notre avantage. Non seulement, nous allons éviter de tomber malade mais en plus, nous allons permettre à d’autres camerounais qui n’ont pas encore vu ces merveilleuses structures, de venir au stade, d’entrer au stade et de voir.
Docteur, il y a une polémique qui est en train d’enfler en RDC qui enregistre tellement de cas positifs au Covid-19. Il se dit que c’est peut-être le Cameroun qui manoeuvre derrière pour empêcher certains joueurs congolais de prendre part au match des quarts de finale. Qui finalement manipule les tests au laboratoire. Est-ce la partie camerounaise qui s’en occupe ?
Ça, c’est encore les camerounais qui se permettent ce genre d’inepties. Il faut être positif, il faut une période d’incubation. C’est-à-dire que vous êtes en contact aujourd’hui, ce n’est pas aujourd’hui ou demain que vous serez positifs. Donc, il faut faire très attention lorsqu’on part dans ces conclusions. Reprenons votre question. Si le Cameroun, au moment où on lance le championnat sait que c’est la RDC qu’il va rencontrer en quart de finale, ça veut dire que nous sommes très forts. On ne savait même pas que le Cameroun allait passer le premier tour. Maintenant, les gens sont étonnés que nous ayons passé le premier tour et maintenant, on trouve que nous sommes en train de faire tomber les autres malades. Je pense que nous devons être plus raisonnables, ne pas chercher à parler quand on a rien à dire. Le Cameroun organise et le Cameroun n’a absolument pas intérêt à gâter. Ensuite, derrière le CHAN, il y a la CAN qui est deux fois plus importante. Comment quelqu’un qui veut avoir de l’or va d’abord voler l’argent ? Si un pays est très infecté, il faut simplement se poser la question si ce n’est pas son propre comportement parce que ce sont nos comportements qui nous infectent.
On aborde maintenant les quarts de finale avec la possibilité de remplir les stades à 50% du public. Vous avez relevé tout à l’heure que les camerounais ont envie de venir au stade et cela au fur et à mesure que la compétition avance. Quel est le message que pouvez passer pour que cet objectif soit atteint ?
Je vous remercie de me faire répéter ce que je venais de dire bientôt. C’est notre comportement qui va être la clé. La CAF aussi est à l’école, la FIFA est à l’école et cette école, qui est celle qui est train de faire l’enseignement ? C’est le Cameroun, c’est le COCHAN avec le Gouvernement derrière lui. Il est important de savoir que lorsqu’on vous demande de vous protéger, de mettre votre masque, vous ne savez pas quand la caméra est sur vous. La caméra est sur vous et si vous êtes dix, vingt, trente, sans masque, l’image que vous projetez, c’est que vous ne mettez pas les masques et malheureusement, c’est cette image là que nous allons projeter. Ensuite, nous n’avons pas respecté la distanciation physique. Regardez les groupes de fans qui s’agglutinent, exactement comme quand il n’y a pas de Covid. Ça, c’est des zones de contamination indéniables. Nous avons une chance, c’est que la Covid ne sévit pas chez nous comme ça sévit en Occident ou aux Amériques. Qu’est-ce qui nous protège ? Peut-être notre mode de vie habituel. Mais Dieu merci. Pour le stade, si nous voulons être 50%, nous devons bien nous comporter parce que derrière, nous aurons un match des barrages des Jeux olympiques des filles contre le Chili. La FIFA attend de savoir si les spectateurs seront sains. On ne peut pas avoir reçu de ce Gouvernement des stades comme ceux-ci là et refuser d’y aller parce qu’on ne met pas le masque ou parce qu’on ne respecte pas les mesures barrières. Ce serait dommage mais la faute serait la nôtre.
On vous a vu en conciliabule avec le gratin de l’équipe médicale de la Fédération camerounaise de football, avec entre autres le Pr Ngatchou. Il était question de quoi dans ces causeries ?
Je suis le vice-président de la commission médicale du COCHAN, je suis le président de la Commission médicale de la FECAFOOT, je suis membre de la Commission médicale de la CAF. Je suis officier Covid pour le Cameroun de la CAF. Donc, c’est mon devoir de passer dans toutes les délégations. Vous m’avez surpris avec les camerounais mais je suis aussi avec les congolais, tous ces médecins-là sont des confrères et des amis, nous échangeons, ils ont des questions à poser parce que c’est mon pays qui organise, ils ont des questions à poser et c’est moi qui dois répondre.
Interview réalisée par Léger Tientcheu
